Le Château de Nointel se construisit en même temps que celui de Versailles et bénéficia du savoir-faire d’élèves des grands maîtres de l’époque, Mansard (pour les bâtiments et les escaliers du parc, Le Nôtre (pour les jardins) Coysevox (pour la statuaire).

Jean de Turmenyes voulut une demeure familiale avant tout, il n’y a pas « d’escalier d’honneur » sur l’une des façades du bâtiment ni même à l’intérieur. Ce bel édifice, un peu sévère, montra d’abord de belles proportions typiquement XVIIe siècle, le couloir intérieur tout le long de la façade sud en est un des points indéniables. En effet, la mode de l’époque était aux riches tentures en cuir de Cordoue (Espagne) et l’on avait vite remarqué que les couleurs se fanaient si elles recevaient trop de lumière et de soleil. Aussi, les architectes de ce temps ayant réfléchi à ce problème, créèrent ce couloir tout le long des façades sud, protégeant ainsi les pièces qu’il desservait et particulièrement les tentures de cuir et les tapisseries en laine. 

Le château primitif, orienté Nord-Sud, tout simple, parfaitement rectangulaire, de 48 mètres de long, 9 de large et 15 de hauteur au début, était bâti à « l’italienne » suivant l’ordonnance favorite de Mansard. Lors de sa construction, il ne s’élevait que d’un étage au-dessus duquel les combles étaient cachés par des petits murs à balustres. La longue façade se composait de 7 éléments distincts : au centre, l’avant-corps avec ses 3 travées soulignées verticalement par des pilastres ; de part et d’autre le bâtiment se prolonge en 2 éléments de 3 travées ; ils sont flanqués à leur tour par 2 pavillons latéraux, ceux-ci de 2 travées seulement et mis en valeur par de larges pilastres, enfin 2 ailes plus basses en avancée sur la cour pour compléter l’édifice (les ailes changeront au cours des années, ainsi que le nombre d’étages et le toit). Le tout a été couronné par les balustrades du toit à la « Mansard  » reposant sur l’entablement saillant et rompu seulement par un large fronton rectangulaire dans lequel s’inscrivent les armes des Turmenyes ornées d’attributs guerriers. Ces armes se décrivent comme suit, en termes d’héraldique « d’azur à trois larmes d’argent posées deux et une, accompagnées en chef d’une étoile d’or » (description dans le Recueil d’Armoiries des Maisons Nobles de France de Gourdon de Genouillac-1860- page 430). Au rez-de chaussée, 15 ouvertures sur chaque façade éclairent la bâtisse, façade nord une porte centrale et 14 fenêtres, façade sud 3 portes et 12 fenêtres. Les pièces en enfilade sur toute la longueur du château sont très claires, chacune ayant une ou plusieurs fenêtres au nord et autant au sud.

L’entrée est située au milieu du bâtiment, dans l’axe de la grande cour sud avec une arrivée de 4 marches peu hautes car le bâtiment est pratiquement de plain-pied sur cette façade, tandis que du côté nord, on accède à l’entrée centrale par un escalier à volée double, à montées convergentes (escalier en faux fer à cheval) qui comporte d’avantage de marches. La balustrade en demi-cercle qui limite le perron est ornée de 2 groupes de Marmousets. La cour d’Honneur (façade sud), entièrement close de murs, s’ouvrait, au début, sur une avant-cour par une porte « à la flamande » soutenue par de belles grilles. De chaque côté de cette porte se trouvait un pilier de maçonnerie auquel était accolé un petit pavillon destiné au portier. Chaque pavillon portait, en guise de toit, une énorme statue de pierre, une sphinge d’inspiration égyptienne (tête de femme et corps de lion). Le château et son environnement, c’est-à-dire son parc et ses communs, ne changèrent pas jusqu’à la Révolution.
La vie s’y déroulait agréablement pour la famille Turmenyes, on recevait assez souvent des artistes, des ministres et des proches du roi Louis XIV. Nointel était un endroit de plus en plus fréquenté. Après Jean 1er de Turmenyes et ses deux fils Jean II et Edmée-François, la propriété est achetée conjointement par Pierre-François Bergeret (financier de Louis XV) qui acquiert les bâtiments et le bas du parc et le Prince de Conti qui se contente du haut du parc et de la forêt.

 Les réceptions sont de plus en plus brillantes, les invités prestigieux, une période légère, insouciante et fort gaie emmène les nouveaux propriétaires vers un avenir difficile. En effet, la Révolution arrive, elle éteindra à jamais les fastes de Nointel…..
 En 1787 c’est le roturier Thomas Ribault qui s’offre la magnifique demeure. Il mourra en 1792 après avoir fait faire d’énormes travaux. En effet, il fait construire un étage supplémentaire au château « lui faisant perdre ses belles proportions XVIIe siècle » et changer le toit par la même occasion. Heureusement bien conseillé, il garde les balustres du toit et les fait poser au sol entre le château lui-même et le grand portail sud, délimitant ainsi une harmonieuse avant-cour. Il fait aussi déposer dans l’église les deux frontons portant les armes des Turmenyes qui ornaient les 2 façades du château (nord et sud). Il a sauvé ainsi certaines parties bien historiques de Nointel !…
 Bien après lui, c’est la famille Béjot qui a possédé le château de 1816 à 1982 et qui a fait refaire le toit du bâtiment central dans les dernières années du XIXe siècle, après 1889. Les derniers descendants de la famille Béjot ont refait faire la totalité des toitures (château et communs de la cour carrée) avec de belles ardoises espagnoles, prolongeant ainsi la beauté et la dignité de ce bel ensemble.
 Dernier détail, on pense que c’est durant l’Empire que furent rajoutés, de chaque côté du château, 2 petits pavillons qui ont eu diverses destinations au cours des années.